Sainte Nitouche (la fille ni bien ni mal) (2002) (Urbana 22)

Pour mezzosoprano, clarinette, saxophone, bandonéon, alto , contrebasse, percussion, piano et voix enregistrée.

musique de Luis Naón
texte de Yves Pagès

Commande de Musique Nouvelle en Liberté
copyright Gérard Billaudot Editeur (2002)


Pour clarinette, saxophone, alto, bandonéon, percussion, piano, contrebasse, et une chanteuse (mezzo-soprano) soliste, parfois appuyée par des organisations provenant de sons préenregistrés, principalement des voix : celle d’une narratrice, le double de notre héroïne, Miss Didascalie, et les complaintes des enceintes mâles.

Le texte parlé, préenregistré, et quasi radiophonique a une fonction formelle d’aiguiller et de scander l’écoute de moments vocaux de caractère parfois contrastant. L’imbrication et le contraste de ces deux niveaux qui sont autant sémantiques que  théâtraux nous révèle, peu à peu, le personnage central de ce monodrame. Le terrain de l’action dramatique est la salle de concert dans sa totalité : entre le public et Sainte Nitouche, la chanteuse se crée le hiatus de la représentation dont ici la forme particulière est le regard de l’oeil voyeur du spectateur, derrière la glace sans tain, dans un peep-show imaginaire.

L’organisation musicale suit une logique qui découle directement du texte. Celui-ci dans l’alternance quasi responosorielle de la voix parlée et des situations musicales, répond à un critère définit par l’auteur et le compositeur, à la manière d’un livret d’opéra.

L’action dans l’opéra est liée à l’histoire, ce fil rouge sur lequel se greffe le beau.

Ici cette démarcation se concentre dans un personnage unique, et pourtant combien ambivalent, qui a pour habitude de s’exprimer plus par le corps que par la bouche.

Ces différentes situations suscitent des moments de jeu à la lisière entre le théâtre et la musique avec, dans un premier temps, une forte concentration sur le sonore.

Les instrumentistes se répandent en soutenant Nitouche (mezzo) avec leurs références et leurs métaphores.

A mi-chemin entre le cycle de chansons et le monologue chanté le déroulement de l’œuvre se présente sous l’angle de la succession de scènes qui conservent une saveur dramatique d’opéra de poche.


Introduction et Complainte 1 (intérieur)
instrumentale et électronique – Elle place le contexte musical et la texture sur laquelle évoluera notre héroïne.

Puis :
Autour d’une voix , mobile et pouvant évoluer sur la scène
Quatre points fixes (chef – piano – percussion et bandonéon)
Quatre points mobiles (clarinette, saxophone; alto et contrebasse)
Quatre points absents ( les haut parleurs ).

Peep show 1 (extérieur)
sur un fond de blues
Un trio soufflant et l’alter ego de la voix (l’alto)
Sur fond des trois harmonie tempérées.

Petites annonces 1 (aparté – quasi récitatif puis a capella)
La voix de Nitouche récite (plainte du tango renouvelé, Polaco Goyeneche et Piazzolla ultima curda, sommet de musique populaire et musique de chambre) accompagnée par des échos lointains des enceintes mâles.
Nitouche ferme le bal a Capella.

Peep show 2(aria)
Percussion-Piano-orchestrés par les vents sur une litanie de corde solitaire bandonéon accompagnateur et voix chantante.
Ici le blues fait place au rythme et rapidement le madrigal pointe à mi-teinte.

Petites annonces 2 (où l’on découvre la nature philologique de Nitouche)
Nitouche se lâche, collectionne les annonces en langue étangère “Heilgymnast”, “Signore maturo et pulito” “Maladoï mushina vatchkah”
Surimpression harmonique d’un quatuor non tempéré sur un trio bien tempéré.

Complainte 2 (triste-intérieur)
Vals – Tango – vocalité triste Seize ans de trop.
(Vibra saxophone piano) d’une part
(Saxophone bandonéon) célèbre Mulligan Piazzola.
    
Complainte 3 (expansive puis grave)
La parole est aux soufflants
La voix s’imprime sur le souffle du trio clarinette, saxe et bandonéon, entrecoupée et incitée par un rythme décomposé, qui déboîte. Le triste revient, et pour finir avec le monodrame sur un fond de Répondeur érotique : le mirage électroacoustique, l’espace se met à parler; Une communication transversale et téléphonique apparaît qui nous échappe à tous.

 


Sainte Nitouche I

Sainte Nitouche II

Sainte Nitouche III

Sainte Nitouche IV

Sainte Nitouche V

Sainte Nitouche VI

Sainte Nitouche VII

Sainte Nitouche VIII

 


« Sous l’impulsion plus que chaleureuse de Luis Naón, ce texte, en forme de livret, est le fruit d’un dispositif d’emblée paradoxal. Le défi consistait à redonner la parole à un personnage féminin d’ordinaire cloîtré dans un total mutisme : la strip-teaseuse de Peep-Show. Le pseudonyme de l’effeuilleuse (Feinte Nitouche) trahit les contraintes de son métier : offrir le spectacle d’un corps à des regards embusqués derrière leur glace sans tain.

À cette image déréalisée, abstraite parce que coupée de tous les autres sens (tactile, olfactif, et surtout auditif), on a tenté d’adjoindre une sorte de flux de conscience à haute voix. Ce chant intime qui, en se libérant, passe de l’autre côté du miroir de la femme-objet porte en lui bien des ambivalences : il est tout à la fois goût et dégoût, appel et refus, fureur et volupté. Il est aussi traversé par la crise d’identité sexuelle de notre époque. Il est enfin habité par les ritournelles contemporaines du pseudo-érotisme marchand : petites annonces roses, réseau téléphonique, etc.

Comme si une immense boîte vocale risquait à tout moment de renfermer, de machiniser, de stéréotyper les entre-deux et contrepoints du désir que Nitouche nous aurait fait toucher du bout du bout de sa voix. »

Yves Pagès


Sainte Nitouche. Livret – .pdf



CD Sainte Nitouche & Satellites

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Sainte Nitouche Laurent Compignie – Studio Malambo
Luis Naón
, musique
Yves Pagès
, texte
Agnès Sourdillon
, récitante
Sylvia Vadimova
, mezzo-soprano

Ensemble Diagonal

Rémi Delangle
, clarinette
Géraud Étrillard
, saxophone
Cyprien Busolini
, alto
Simon Drappier
, contrebasse
Marisa Mercadé
, bandonéon
Jean Fessard
, percussion
Jean-Marie Cottet
, piano
Rut Schereiner
, direction

& Satellites
Prises de son : Laurent Codoul, Camille Lezer – La Muse en Circuit
Version transaurale des parties électroniques : Jean-Marc Lyswa – Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris – Service audiovisuel
Mixage et Mastering :
Laurent Codoul

Senderos… que bifurcan, pour saxophone et sons fixés (2002 – 2003)
Diabolus urbanus, pour alto et sons fixés (2000)

Clairière, pour clarinette et sons fixés (2002)

Géraud Étrillard, saxophone
Cyprien Busolini, alto
Philippe Berrod, clarinette


Sainte Nitouche (la fille ni bien, ni mal), commande de Musique Nouvelle en Liberté.

Senderos… que bifurcan, commande de la société Selmer. Dédié à Claude Delangle.
Diabolus Urbanus, commande de l’état et de l’INA-GRM. Dédié à Ana Bela Chaves.
Clairière, commande de La Muse en Circuit, Centre national de création musicale, avec le soutien
de l’état. Dédié à Philippe Berrod. de l’Etat. Dédié à Philippe Berrod.
Ces trois pièces “satellites” restituent un espace élargi (dit transaural) qui propose une image spatiale proche de l’original
en cinq canaux lorsque l’auditeur se place dans l’axe situé entre les deux hauts-parleurs.

Sainte Nitouche (la flle ni bien, ni mal)
© 2002 by GÉRARD BILLAUDOT ÉDITEUR
Senderos… que bifurcan URBANA 19
© 2006 by GÉRARD BILLAUDOT ÉDITEUR

Distribution Distrart Musique


A écouter ou podcaster jusqu”au 18 mars 2013

FRANCE MUSIQUE – TAPAGE NOCTURNE



La vidéo de Sainte Nitouche : à regarder


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