Pour sons fixés.
Commande de l’INA-GRM.
Deux idées ont été à l’origine de la composition de cette œuvre. La première je la dois à l’Aleph de Jorge Luis Borges : “… Un Aleph est un lieu où se retrouvent, sans se confondre, tous les endroits de l’univers vus simultanément de tous les angles possibles. … Les fidèles qui assistent à la Mosquée de Amr, au Caire, savent très bien que l’univers est à l’intérieur de l’une de colonnes de pierre qui bordent la cour centrale … Personne, c’est évident, n’a pu le voir, mais ceux qui approchent leur oreille de la surface, disent percevoir, peu de temps après, sa rumeur affairée …”
Existe-t-il cet Aleph à l’intérieur d’une pierre ?
Peut être cherchons nous tous cette concentration impossible dans la musique immatérielle, la concentration de la totalité dans une forme individuelle.
La deuxième forte motivation pour la composition est intimement liée à la première et n’est pas d’ordre littéraire mais pictural. Je rencontre un peintre. Je suis attiré par son œuvre comme je ne l’ai jamais été. Une série de tableaux me bouleverse particulièrement; elle s’intitule : Cartongraphie. Je décide de les mettre en musique, acousmatique. Peu de temps après, Abel Robino, le peintre, me montre l’origine de la Cartongraphie, une carte géographique du Caire.
Je décide, tout naturellement d’acheminer le travail de la sphère et la pierre vers ces tableaux. Je ne considère pas ce travail comme exhaustif mais plutôt comme le départ d’une œuvre plus vaste qui rend musicalement explicites et l’idée et la force de ces tableaux.
Aujourd’hui je crois que l’Aleph, ce point où se concentre l’univers, est intérieur. Un fruit de l’intellect ou de l’imagination…
La réalisation de cette pièce m’a permis de l’entrevoir, en studio, dans l’introspection du travail solitaire où tout est possible.
La sphère et la pierre
[ Cycle Urbana ]
[ Instrument seul et/ou bande magnétique ou électronique ]