Ombres d’hallucinations et de mort (1988/89)

Pour violoncelle et orchestre.

L’œuvre est un hommage aux Selk’nam, indiens qui peuplait le sud de la Patagonie et la terre de feu, et dont la dernière représentante est morte en 1988. Cette culture, aujourd’hui effacée du répertoire de l’humanité, ne subsiste qu’au travers de rares enregistrements et des peintures rupestres. Je n’ai volontairement pas exhumé des fragments de ces musiques pour l’écriture de l’œuvre, mais au contraire, j’ai créé de toutes pièces un langage qui aurait pu leur appartenir, un rapport à l’espace, un univers harmonique et timbral où l’émotion du son reste la principale préoccupation.

Cet œuvre réincarne le mythe Platonique de l’archetype et son ombre à travers la relation entre le violoncelle et l’orchestre. Ce rapport est aussi celui du “premier musicien”, le Shaman ou sorcier animant (étymologiquement donnant une âme) le monde qui l’entoure. De cette idée extramusicale (ou extremement musicale) naît la dialectique nécessaire pour l’établissement de la  la structure de la pièce.

Au delà d’attirer l’attention du public sur une réflexion philosophique ou mystique j’ai voulu mettre l’accent sur le lyrisme et la poésie, sur l’émotion.

Les principes d’opposition et complementarité entre soliste et orchestre sont présents tout au long de la pièce. L’orchestre est souvent une image, une ombre, comme une hallucination de la partie soliste, une ombre qui devient autonome, qui émerge du monde imaginaire vers le monde réel Ombres reproduit, à travers la dialectique soliste-tutti, la forme d’un rituel réinventé.


[ Grands ensembles / Orchestre ]