pour orchestre symphonique
Commande de l’Orchestre Philharmonique de Radio France pour le Festival Présences 2015
Le titre de l’œuvre pourrait être traduit comme Brisure/Horizon. Brisure dans le sens de cassure mais surtout de faille terrestre (la Quebrada est un paysage typique des Andes, plus communément traduit par Canyon).
L’œuvre pourrait être résumée à la typographie suivante \ __. C’est-à-dire à une verticalité légèrement inclinée et à une horizontalité plate.
La référence implicite de ces deux états se trouve être une image assez récurrente de mon appréhension des paysages des Amériques. Les Amériques constituent donc la deuxième référence qui a guidée la composition de l’œuvre et qui se reflètent, peu ou prou, dans les trois mouvements de la pièce. (Sud, Centre, Nord)
Depuis le premier geste musical d’opposition entre la verticalité de rupture du tout début et son immédiate conséquence on trouve des paysages, qui, depuis l’extrême sud du continent (Terre de Feu et Patagonie) jusqu’à l’Alaska se succèdent dans une progression qui n’a pourtant rien de programmatique au sens traditionnel.
Seules quelques rares « métaphores musicales » de ces paysages et de ses rares habitants se présentent de manière précise. Il ne faut donc pas chercher à identifier une couleur locale ou une appartenance culturelle dans l’œuvre mais plutôt s’immerger dans cet état de contemplation du phénomène musical dans ce qu’il a de plus abstrait pour mieux se construire, dans l’intimité de l’écoute, son propre imaginaire.
Parmi les images les plus marquantes du continent qui ont été présentes lors de la composition j’ai fait un focus sur la force, la mansuétude et le sentiment d’immensité, qui ont toujours été mes sentiments les plus profonds dans les terres dont je suis originaire.
La glace, en tant qu’image ainsi que des oiseaux rares, sont également présents ainsi qu’une série d’accords et textures d’orchestre qui visent à reconstituer des sons de bandonéon, mais aussi d’orgue à bouche, comme un tribut aux plus lointains habitants de ces terres venus sûrement d’Asie. A tout moment l’inclusion de ces « images » se fait de manière intégrée dans le discours proprement musical.
Je place le langage musical dans un autre registre que la littérature ou la philosophie, je ne le crois pas apte à « transmettre » un message codé. Par contre je crois que la musique est le seul lieu où la liberté, l’empathie et une compréhension profonde du monde peuvent se produire si les conditions sont réunies.
Quebrada/Horizonte prend corps presque exclusivement dans une sphère d’émotions qui est proche des sentiments en phase ou en opposition avec une nature qui dépasse l’humain et qui le transcende.
Luis Naon
Quebrada/Horizonte – Publiée chez Babelscores
Enregistrement de la création le 13 février 2015
à l’Auditorium de Radio France
Orchestre Philharmonique de Radio France
Direction : Domingo Hindoyán
Quebrada/Horizonte I
Quebrada/Horizonte II
Quebrada/Horizonte III